Renforcement des capacités des cellules de sécurité communautaire de Rumonge

Dans l’optique de renforcer la collaboration entre la population, l’administration et les forces de l’ordre de la commune Rumonge, le CENAP a organisé des ateliers de formation à l’endroit des associations

de gardiennage des palmeraies dénommées « Tugwanye ubusuma » dans les zones Buruhukiro, Gatete et Kigwena. Les représentants des autorités administratives à la base, les élus et les représentants de la police et de l’armée étaient conviés à ces formations

Elles portaient essentiellement sur la collaboration entre tous les intervenants en matière de préservation de la sécurité communautaire : (population, administration, forces de l’ordre, système judiciaire), les droits de l’homme et quelques notions du droit pénal. Les participants avaient préalablement identifié eux-mêmes les matières sur lesquelles seraient centrées les formations.

Les propriétaires des palmeraies ont eu l’idée de créer ces associations dans lesquelles ils ont intégré les anciens combattants pour assurer le gardiennage des champs moyennant une rémunération en nature. Le travail se fait de jour et de nuit car il est organisé en plusieurs équipes qui se relaient. Au moment de la récolte, les propriétaires doivent être munis d’un papier signé par le chef de l’association et devant être présenté au chef des gardiens avant de cueillir les régimes de palme, ceci pour éviter qu’un voleur ne se fasse passer pour un propriétaire et récolte dans un champ qui ne lui appartient pas.
Les associations Tugwanye ubusuma sont connues de l’administration communale et zonale et des corps de défense et de sécurité à la base. Pour la population vivant aux alentours des palmeraies, l’appréciation est positive: « …vous voyez ces maisons en reconstruction ? Elles avaient été abandonnées parce qu’il était devenu impossible d’y vivre à cause du banditisme. Comme ces gardiens veillent de nuit comme de jour, il n y’a plus de risque d’y habiter ». Une des personnes qui venaient de regagner leurs maisons grâce à la sécurité retrouvée, reconnaît que le travail de ces associations est louable : « …nous ne pouvons plus avoir peur de passer la nuit dans la maison parce que nous savons que ces jeunes gens veillent sur nous à quelques pas de la maison. De plus, nos enfants participent aussi au travail de gardiennage, ce qui nous rassure d’avantage ». Avant la mise en place de ces associations, certaines routes et sentiers étaient devenus trop risqués. Des personnes rentrant du marché de la zone Buruhukiro (sur l’axe routier Rumonge-Bururi) et empruntant ces itinéraires, se faisaient souvent agresser ou piller leurs biens tandis que les femmes étaient victimes des actes de viol.

L’ignorance de la loi s’est avérée être un grand défis aussi car les gardiens ne savent pas ce qu’il faut faire en cas de flagrant délit, de légitime défense etc. Au cours d’un atelier organisé à l’intention de ces gardiens et leurs employeurs pour identifier les défis auxquels ils font face au cours de leurs prestations, beaucoup de questions en rapport avec des notions de droit ont été posées par les gardiens et ont motivé le CENAP à les appuyer à travers des formations.

L’évaluation menée trois mois après le renforcement des capacités a montré des résultats probants : les gardiens des palmeraies ne se rendaient plus coupables d’actes de coups et blessures. A la police judiciaire de Rumonge, on rapporte qu’aucun cas de violation de droits humains imputable à un gardien des palmeraies n’a été rapporté pendant les trois mois qui ont suivi la formation. Le chef de la zone Buruhukiro reconnaît quant à lui que les formations ont permis aux gardiens d’abandonner certaines pratiques, parce qu’avant les formations, il arrivait que les gardiens fixent eux-mêmes une amende que le bandit devait payer à l’insu des autorités zonales et policières, et cette amende était souvent exorbitante. Aujourd’hui, de telles pratiques ne sont plus rapportées.
Cette expérience n’est pas forcément reproductible comme telle dans d’autres communes, mais il y a des leçons qui pourraient être capitalisées pour le renforcement de la collaboration entre l’administration, la population et les forces de l’ordre pour préserver la sécurité communautaire.